SuissID (Vincent Gerber)
Dans le cadre du challenge que je me suis lancée en début d’année 2022, j’ai eu envie de m’aventurer dans cette anthologie suisse dirigée par Elena Avdija et Jean-François Thomas. Après avoir parcouru des yeux le sommaire, mon choix s’est porté sur cette nouvelle de Vincent Gerber.
… c’est ainsi que débute cette nouvelle ! Je dois avouer que lorsque j’ai lu son titre, je l’avais associé au SuissID, un standard électronique Suisse d'identité sécurisée permettant à la fois une signature numérique valable juridiquement et une authentification sécurisée. Je n’avais pas capté le jeu de mots. C’est après ces quelques lignes que cela a fait tilt dans mon esprit : SuissID pour suicider !
Et alors là je me suis fait la réflexion que l’auteur n’avait pas froid aux yeux ni au stylo pour s’être lancé dans un récit ayant pour thème l’aide au suicide. En effet, si en Suisse cette « prestation » existe, elle reste tout de même un sujet sensible, voire tabou, pour bon nombre de personnes. On ne parle pas volontiers de la mort et encore moins du suicide assisté. Le concept peut choquer.
Eh bien, s’il vous faut un électrochoc pour vous désensibiliser, lisez donc ce texte de Vincent Gerber !
Ce récit offre deux points de vue. D’un côté, nous avons Monsieur Lampin, qui téléphone chez SuissID pour prendre un rendez-vous. Il est fort bien reçu. Toutes les options lui sont présentées, expliquées en détails et proposées au meilleur prix. On lui souhaite même fort aimablement une excellente dernière semaine. De l’autre côté, nous avons Philippe Bochart, le patron de SuissID, interviewé sur les ondes par un journaliste curieux de connaître la raison du succès croissant de cette société. Nous pourrons donc suivre en alternance les souhaits jusqu’au jour J de Monsieur Lampin pour une mort sur mesure, et le concept tout en romantisme imaginé par Monsieur Bochart et son savoir-faire en la matière. Le tout se terminera sur une chute « Ah, la bourde ! » du plus bel effet qui ne pourra qu’arracher un sourire au lecteur.
Ce qui m’a plu dans cette nouvelle, c’est le fait que l’auteur n’y va pas avec le dos de la fourchette. Non. Il traite le sujet à coup de louche, c’est-à-dire sans fard ni tabou, néanmoins avec respect et en proposant – ma foi – des « solutions » et mêmes des « slogans » qui donnerait presque envie de signer tout de suite. Là j’ai pensé « Hé, ho, réveille-toi KT, t’es en train de te faire embobiner, bon sang ! ». C’est bien joué. Et puis l’humour omniprésent à la Gotlib (Fluide Glacial), libéré sans être provocateur, décalé, fait du bien pour alléger le ton.
SuissID est une nouvelle qui m’a bien plu. Et une chose est sûre : je ne pourrai plus jamais utiliser mon identité sécurisée – désormais appelée SwissID - sans y repenser ! ^-^
« Agence SuissID bonjour ! Enchanté Monsieur Lampin. Oui, bien sûr. Une date de préférence ? Jeudi prochain, attendez, je consulte le registre… Oui, il nous reste de la place, 13h30 ou 15h30. 15h30, parfait. Oh, en général il faut compter une bonne heure. Très bien. Avez-vous déjà décidé quelle méthode vous souhaitiez utiliser ? La moins douloureuse, entendu. Je peux vous proposer le gaz, absolument indolore – et vous pouvez profiter de notre promotion, certaines de nos bonbonnes sont en réduction ce mois-ci. »
… c’est ainsi que débute cette nouvelle ! Je dois avouer que lorsque j’ai lu son titre, je l’avais associé au SuissID, un standard électronique Suisse d'identité sécurisée permettant à la fois une signature numérique valable juridiquement et une authentification sécurisée. Je n’avais pas capté le jeu de mots. C’est après ces quelques lignes que cela a fait tilt dans mon esprit : SuissID pour suicider !
Et alors là je me suis fait la réflexion que l’auteur n’avait pas froid aux yeux ni au stylo pour s’être lancé dans un récit ayant pour thème l’aide au suicide. En effet, si en Suisse cette « prestation » existe, elle reste tout de même un sujet sensible, voire tabou, pour bon nombre de personnes. On ne parle pas volontiers de la mort et encore moins du suicide assisté. Le concept peut choquer.
Eh bien, s’il vous faut un électrochoc pour vous désensibiliser, lisez donc ce texte de Vincent Gerber !
Ce récit offre deux points de vue. D’un côté, nous avons Monsieur Lampin, qui téléphone chez SuissID pour prendre un rendez-vous. Il est fort bien reçu. Toutes les options lui sont présentées, expliquées en détails et proposées au meilleur prix. On lui souhaite même fort aimablement une excellente dernière semaine. De l’autre côté, nous avons Philippe Bochart, le patron de SuissID, interviewé sur les ondes par un journaliste curieux de connaître la raison du succès croissant de cette société. Nous pourrons donc suivre en alternance les souhaits jusqu’au jour J de Monsieur Lampin pour une mort sur mesure, et le concept tout en romantisme imaginé par Monsieur Bochart et son savoir-faire en la matière. Le tout se terminera sur une chute « Ah, la bourde ! » du plus bel effet qui ne pourra qu’arracher un sourire au lecteur.
Ce qui m’a plu dans cette nouvelle, c’est le fait que l’auteur n’y va pas avec le dos de la fourchette. Non. Il traite le sujet à coup de louche, c’est-à-dire sans fard ni tabou, néanmoins avec respect et en proposant – ma foi – des « solutions » et mêmes des « slogans » qui donnerait presque envie de signer tout de suite. Là j’ai pensé « Hé, ho, réveille-toi KT, t’es en train de te faire embobiner, bon sang ! ». C’est bien joué. Et puis l’humour omniprésent à la Gotlib (Fluide Glacial), libéré sans être provocateur, décalé, fait du bien pour alléger le ton.
SuissID est une nouvelle qui m’a bien plu. Et une chose est sûre : je ne pourrai plus jamais utiliser mon identité sécurisée – désormais appelée SwissID - sans y repenser ! ^-^
Futurs insolites : Laboratoire d'Anticipation helvétique @ 2016 Helice Helas | Illustration de couverture @ Krum
Cette nouvelle provient de cette anthologie :
Une anthologie dirigée par Jean-François Thomas et Elena Avdija
Dans un futur plus ou moins lointain, qui peut dire ce qu'il restera de la Confédération helvétique ?
Qu'adviendra-t-il de ce fier pays abritant un peuple hétéroclite, scindé en autant de cultures que de cantons divers et variés, mi-ville mi-campagne, à la fois poli et polyglotte, à la bureaucratie aiguisée et impeccable, à la technologie et au tourisme rentables et même florissants, à l'armée de milice indispensable et indéfectible, aux multinationales si bien implantées, à la neutralité à toute épreuve, au secret bancaire si bien conservé, aux paysages et à la prospérité subjuguant touristes, migrants et expatriés de tous horizons... ?
14 auteur(e)s et autant de nouvelles d'anticipation, de science-fiction et de fantastique s'emparent de la Suisse comme d'un terreau fertile à l'imagination.
Sommaire :
Dans un futur plus ou moins lointain, qui peut dire ce qu'il restera de la Confédération helvétique ?
Qu'adviendra-t-il de ce fier pays abritant un peuple hétéroclite, scindé en autant de cultures que de cantons divers et variés, mi-ville mi-campagne, à la fois poli et polyglotte, à la bureaucratie aiguisée et impeccable, à la technologie et au tourisme rentables et même florissants, à l'armée de milice indispensable et indéfectible, aux multinationales si bien implantées, à la neutralité à toute épreuve, au secret bancaire si bien conservé, aux paysages et à la prospérité subjuguant touristes, migrants et expatriés de tous horizons... ?
14 auteur(e)s et autant de nouvelles d'anticipation, de science-fiction et de fantastique s'emparent de la Suisse comme d'un terreau fertile à l'imagination.
Sommaire :
- Préface (Jean-François Thomas, Elena Avdija)
- Helvé...ciao (Emmanuelle Maia)
- Alleingang (Nicolas Alucq)
- SuissID (Vincent Gerber)
- Rhodanisch Elektrik AG (Adrien Bürki)
- Mission divine (Jean-Marc Ligny)
- La Mémoire de Lo (François Rouiller)
- Là où croît le Pays (Anthony Vallat)
- Exit (Denis Roditi)
- Audemars, le Ver (André Ourednik)
- Issue de Secours (Florence Cochet)
- Vreneli (Julien Chatillon-Fauchez)
- Sketches helvétiques (Bruno Pochesci)
- La Vallée perdue (Gulzar Joby)
- Baptistin (Olivier Sillig)
- Postface (Marc Atallah)