Les contes du whisky, réédition @ 2019 Les Impressions Nouvelles | Illustration de couverture @ Romain Renard | Photo @ Koyolite Tseila, édition privée
Les contes du whisky mettent en scène des personnages du monde populaire, principalement liés au milieu maritime.
Un grand nombre de nouvelles se déroulent dans le cadre d’un bar, Le Site enchanteur, dont les vapeurs d’alcool sont pour Jean Ray l’occasion d’interroger la nature du fait surnaturel – entre apparitions et phénomènes relevant d’un fantastique extérieur et perturbations de la perception dues à des démons intérieurs. Jusqu’à quel point l’ivresse explique-t-elle les faits étranges ?
Dans ce bar, dans ce recueil, le whisky est un vecteur privilégié de la mise en doute des lois du réel. Un moyen de susciter l’inattendu et l’étrange.
Les contes du whisky
- Irish whisky
- A minuit
- Le nom du bateau ✔
- Un conte de fées à Whitechapel
- La fortune d'Herbert
- Dans les marais de Fenn
- La nuit de Camberwell
- Petite femme aimée au parfum de verveine... ✔
- Le saumon Poppelreiter
- Entre deux verres
- Joshua Güllick, prêteur sur gages
- La vengeance
- Mon ami le mort
- Le crocodile
- Une main...
- La dernière gorgée
... et quelques histoires dans le brouillard
- Le singe
- La fenêtre aux monstres
- Minuit-vingt
- La bête blanche
- Le gardien du cimetière
- La bonne action
- Le tableau
- L'observatoire abandonné
- Les étranges études du Dr Paukenschläger
- La dette de Gumpelmeyer
- Herr Hubich dans la nuit
💚💚💚💚🤍 Petite femme aimée au parfum de verveine...
Au Site Enchanteur, le whisky coule à flots.
En cette sombre nuit, Hildesheim et Bobby Moos, deux marins pouilleux et clients coutumiers du bar, sont de fort méchante humeur. C’est que ces fêtards en smoking et en chemise de soie, aux portemonnaies bien garnis et accompagnés de belles femmes parées de mille bijoux et vêtues de fourrures effrontément riches, sont une injure à leur misère ! Cette bande de noceurs qui se pavane avec insolence devant les yeux des deux marins leur inspire des envies de meurtres…
Mais l’or tiède du whisky les a rendus lâches.
Cependant, lorsque le barman annonce qu’il est l’heure de fermer son établissement, le vent tourne soudain et les fortunés clients – à présent dégrisés - réalisent qu’ils pourraient être en danger une fois seuls dans les rues.
Tandis que Hildesheim et Bobby Moos sont sur le point de quitter les lieux, prise d’une soudaine inspiration, une jolie jeune femme aux grands yeux mauves formule le souhait de chanter pour ces deux messieurs…
Un court texte très bien écrit au cœur duquel le whisky iodé et le sel des larmes se rejoignent au chant de l’évocatrice de l’éternelle misère des filles de port abandonnées.
En cette sombre nuit, Hildesheim et Bobby Moos, deux marins pouilleux et clients coutumiers du bar, sont de fort méchante humeur. C’est que ces fêtards en smoking et en chemise de soie, aux portemonnaies bien garnis et accompagnés de belles femmes parées de mille bijoux et vêtues de fourrures effrontément riches, sont une injure à leur misère ! Cette bande de noceurs qui se pavane avec insolence devant les yeux des deux marins leur inspire des envies de meurtres…
Mais l’or tiède du whisky les a rendus lâches.
Cependant, lorsque le barman annonce qu’il est l’heure de fermer son établissement, le vent tourne soudain et les fortunés clients – à présent dégrisés - réalisent qu’ils pourraient être en danger une fois seuls dans les rues.
Tandis que Hildesheim et Bobby Moos sont sur le point de quitter les lieux, prise d’une soudaine inspiration, une jolie jeune femme aux grands yeux mauves formule le souhait de chanter pour ces deux messieurs…
Un court texte très bien écrit au cœur duquel le whisky iodé et le sel des larmes se rejoignent au chant de l’évocatrice de l’éternelle misère des filles de port abandonnées.
💚💚💚🤍🤍 Le nom du bateau
Quatre gaillards dérobent une péniche et accostent à Gravesend pour porter au bar du Site Enchanteur la montre et les habits du dimanche du propriétaire du bateau. En échange de ce butin, Cavendisch, le patron de l'établissement, leur donne six bouteilles de whisky. De retour à bord de la péniche volée, les malfrats s'enivrent du précieux liquide, tandis que leur embarcation est gracieusement remorquée le long des docks. Ils en profitent alors pour passer en revue chacun des cargos devant lesquels ils passent avec un mot fort juste d'appréciation...
Le soir venu, le remorqueur abandonne la péniche et ses quatre insupportables lascars qui se retrouvent livrés à eux-mêmes avec pour seule compagnie le reste des bouteilles de whisky et une question qui les préoccupe soudain, en rapport avec le nom du bateau qu'ils ont fauché.
La consommation d'alcool abaisse les barrières de la retenue et révèle la nature humaine dans toute sa complexité : certains peuvent devenir agressifs ou même violents, alors que d'autres deviennent excessivement émotifs... des travers que Jean Ray dépeint fort bien.
Un petit conte de cinq pages empreint d'un humour cynique, parfois cruel, qui se termine toutefois sur une note de mélancolie douce-amère, suffisamment émouvante pour vous faire verser une larme.
C'est ainsi qu'au bout d'une demi-heure tous les ponts, les passerelles et les vergues étaient couverts d'une foule hurlante et gesticulante et que Bobby Moos, qui a l'esprit de statistique inné, évalua à cinq mille six cents le nombre de poings qui étaient brandis vers nous. Cela démontre que les gens ne supportent peu la critique, même quand elle pourrait leur être profitable à l'avenir. (Jean Ray, Le nom du bateau)
Le soir venu, le remorqueur abandonne la péniche et ses quatre insupportables lascars qui se retrouvent livrés à eux-mêmes avec pour seule compagnie le reste des bouteilles de whisky et une question qui les préoccupe soudain, en rapport avec le nom du bateau qu'ils ont fauché.
La consommation d'alcool abaisse les barrières de la retenue et révèle la nature humaine dans toute sa complexité : certains peuvent devenir agressifs ou même violents, alors que d'autres deviennent excessivement émotifs... des travers que Jean Ray dépeint fort bien.
Un petit conte de cinq pages empreint d'un humour cynique, parfois cruel, qui se termine toutefois sur une note de mélancolie douce-amère, suffisamment émouvante pour vous faire verser une larme.