Le Gardien Blanc @ 2024 éditions 1115 | Photo @ Bruno Blanzat, édition privée
Destination : le bureau de Stan, un psychiatre bardé de diplômes, dont l’existence a basculé il y a peu, lorsqu’on lui a confié la mission de gérer la psyché du Gardien Blanc, autrement appelé GB. Et autant dire que ce n’est pas une mince affaire, puisque ce dieu vivant ne semble connaître aucune limite, sinon celle que lui impose encore sa morale.
Avec « Le Gardien Blanc », Norman Jangot nous parle sans détour des affres du pouvoir et de la responsabilité, tout en mettant le doigt sur la difficulté de concilier ces deux notions, qui plus est quand on évolue dans une société qui a elle-même le plus grand mal à faire la part des choses.
Fiche de lecture
En peu de pages, Norman Jangot installe une relation tendue entre un psychiatre usé et son patient, un surhomme nommé le Gardien Blanc. Il faudrait imaginer Superman sur le divan du docteur Dayan (En thérapie). L’un et l’autre semblent au bout de leur vie, las, au bord du renoncement. Ils mobilisent leurs dernières forces pour ne rien lâcher.
L’histoire se passe du point de vue du psy, exemplaire dans son orgueil et son nombrilisme : cette histoire est la sienne, dit-il dès le début. Plus tard, il se targuera de connaître « la psyché des monstres, des anomalies ». Pour quel résultat ? Gérer un homme capable de détruire la planète doit avoir les mêmes effets en termes de salubrité que chevaucher un missile à tête nucléaire. Ça dévisse.
Son vis-à-vis n’est pas en reste, écrasé malgré sa toute-puissance sous le poids des responsabilités. Le mot qui revient le plus « subordination », une verticalité dans son rapport aux autres qui ne le laisse pas tranquille : « La morale m’obsède. Je sais que l’humanité en a eu besoin comme premier rempart des faibles contre les forts. Je sais pourquoi il est tant important pour vous de me l’inculquer. » Dans une relation aussi déséquilibrée, comment garantir l’action bonne et désintéressée des deux parties ? On pense moins à l’antienne de Spiderman qu’à Gygès et son anneau : le poids du regard social pèse bien peu dans le fondement moral de nos actions. Le Gardien Blanc et les gouvernants qu’il fait trembler auraient davantage besoin d’un Kant que d’un Freud.
L’auteur montre bien les composantes d’un très fragile équilibre des puissances en présence. Son expérience de scénariste est à l’œuvre, et l’on suit chaque scène avec avidité jusqu’au dénouement. Il réussit même à instiller un certain humour dans cette histoire de mecs trop sérieux : « Au début, je le laissais s’asseoir sur mes fauteuils, mais las de devoir changer les tissus carbonisés, j’ai investi dans la pierre ». Il est difficile de faire s’allonger un dieu sur son autel.
L’histoire se passe du point de vue du psy, exemplaire dans son orgueil et son nombrilisme : cette histoire est la sienne, dit-il dès le début. Plus tard, il se targuera de connaître « la psyché des monstres, des anomalies ». Pour quel résultat ? Gérer un homme capable de détruire la planète doit avoir les mêmes effets en termes de salubrité que chevaucher un missile à tête nucléaire. Ça dévisse.
Son vis-à-vis n’est pas en reste, écrasé malgré sa toute-puissance sous le poids des responsabilités. Le mot qui revient le plus « subordination », une verticalité dans son rapport aux autres qui ne le laisse pas tranquille : « La morale m’obsède. Je sais que l’humanité en a eu besoin comme premier rempart des faibles contre les forts. Je sais pourquoi il est tant important pour vous de me l’inculquer. » Dans une relation aussi déséquilibrée, comment garantir l’action bonne et désintéressée des deux parties ? On pense moins à l’antienne de Spiderman qu’à Gygès et son anneau : le poids du regard social pèse bien peu dans le fondement moral de nos actions. Le Gardien Blanc et les gouvernants qu’il fait trembler auraient davantage besoin d’un Kant que d’un Freud.
L’auteur montre bien les composantes d’un très fragile équilibre des puissances en présence. Son expérience de scénariste est à l’œuvre, et l’on suit chaque scène avec avidité jusqu’au dénouement. Il réussit même à instiller un certain humour dans cette histoire de mecs trop sérieux : « Au début, je le laissais s’asseoir sur mes fauteuils, mais las de devoir changer les tissus carbonisés, j’ai investi dans la pierre ». Il est difficile de faire s’allonger un dieu sur son autel.