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Hikari pile | Paul Fichtre | 2020

Par | 30/04/2021 | Lu 900 fois




Copyright @ 2020 Le Galion des Etoiles | Hikari pile de Paul Fichtre
Copyright @ 2020 Le Galion des Etoiles | Hikari pile de Paul Fichtre
Konrad fonçait à travers le Strip et les holos qui bordaient le couloir aérien défilaient dans un kaléidoscope halluciné. Sa conscience diluée dans l’interface de son upcar, il précédait les réactions du trafic fluide à cette heure tardive, mais son appareil plongeait sans cesse vers la droite depuis la fusillade. Il manqua de percuter des véhicules sans chauffeur pendant qu’il s’épuisait à compenser cette dérive qui menaçait de les envoyer au tapis. L’IA pouvait le remplacer, mais sa conduite prudente donnerait à ses poursuivants une chance de les rattraper. Alors Konrad poussa un peu plus la manette des gaz et les plus hautes tours rotatives d’Omnium parurent se rapprocher tandis que le serpent de pixels gobait la voiture volante.

Il s’autorisa à jeter un œil sur sa passagère. L’intelligence d’une combinaison marron foncé épousait ses courbes sensuelles. Son regard s’attarda malgré lui sur le décolleté profond où la respiration lente soulevait l’arrondi parfait de ses seins à la peau fine et blanche. Il glissa sur le ventre plat, longea les cuisses fuselées et tomba sur l’un de ses chargeurs qui traînait sur le plancher parmi des emballages de nourriture vides. Un parfum d’ozone supplantait les odeurs de recycleurs saturés et de protofood © avariée. Témoignage olfactif de l’usage récent de son flingue.

La console holographique de navigation clignota en menaçant de crasher. Dans le pare-brise couvert d’impacts étoilés, le reflet de Konrad prenait des allures spectrales. Un visage volontaire sculpté en cuve de croissance. Une coupe réglementaire de cheveux bruns. La finition zéro absolu © d’un regard vigilant qui affirmait l’impassibilité sur-mesure de son enveloppe Minakshi ©.

Une nouvelle embardée de l’upcar manqua de les précipiter dans une tour. Konrad renoua avec son véhicule. Il corrigea leur trajectoire en bousculant un fourgon qui percuta d’autres engins telle une boule de flipper. Des alarmes clignotèrent dans le tableau de bord virtuel et il accéléra à fond malgré les avertissements de l’IA. À l’extrémité du Strip se trouvait l’un des puits de gravité qui leur permettrait de s’arracher à ce monde. L’issue ne lui avait jamais paru aussi proche, mais les apparences étaient trompeuses sur Utopia.

*

Le monocoque violet planait sur une mer gris ardoise. Bien que l’intelligence embarquée assure la navigation, Konrad barrait et des embruns tièdes arrosaient son visage. Les traits détendus de l’enveloppe Minakshi © s’offrirent même le luxe d’un sourire. À la proue, la beauté sculpturale d’Hikari s’exposait à la caresse alanguie d’un soleil déclinant, alors que son corps cuivré épousait le pont. Ses éclats de rire cristallin ponctuaient chacune des cabrioles exécutées par les mammifères marins qui jouaient avec les vagues formées par leur sillage. Un désir irrépressible embrasa ses sens et il rejoignit sa femme.

L’IA du voilier négocia l’accès au lagon d’une île vierge. Les voiles grises et noires à mémoire de forme s’affalèrent et le navire s’ancra au plus près d’une plage de sable en nuances de bleu et rose qui scintillaient dans le couchant. Les amants pique-niquèrent du fruit de leur pêche avant de s’abandonner à une succession d’étreintes voluptueuses. Ils s’émerveillèrent ensuite du spectacle offert par la reproduction du corail. Cette ponte, qui avait lieu tous les dix ans, libérait une multitude de larves phosphorescentes. Elles envahissaient l’océan dans une scénographie féerique orchestrée par les courants marins.

Chaque nouvelle journée s’ouvrait sur le visage énamouré d’Hikari. L’essentiel de leur univers se résumait au rythme de la navigation et de l’assouvissement de leurs besoins primaires. Ce tableau idyllique finit par se répéter en boucles saccadées entre lesquelles s’intercalait une vue de leur deux-pièces.

D’abord rayonnant du bonheur d’un jeune couple, l’appartement sombra dans un abandon que la domotique de l’arcologie ne parvenait plus à endiguer. Konrad rentrait de moins en moins souvent. La lente déchéance physique d’Hikari, suspendue au support de vie de la SimStim ©, le renvoyait à sa propre impuissance à lui faire accepter leur réalité. Il n’arrivait pas à s’émerveiller en sa compagnie des sensations offertes par les virtualités qu’elle concevait sans cesse. Contempler son corps asséché par le fluide nutritif qui courrait dans ses veines le rendait fou de douleur. Une frustration qu’il laissa s’exprimer dans l’exercice de ses fonctions. Il devint le meilleur exécuteur des Panthères modernes.

Une autre image se superposa à ce tableau malsain. Celle prise par l’un des drones qui filmaient le crash. Un train mag-lev chargé jusqu’à la gueule d’hexalium venait de percuter leur immeuble. La façade éventrée sur une dizaine d’étages témoignait de la violence de l’explosion. Hikari était réellement morte. Pile corticale fondue. Fin de session. Le vide qu’elle laissait dans la poitrine de Konrad ne se comblerait jamais…

Le monocoque filait sur la mer grise parsemée de petits moutons d’écume blanche. Les mammifères jouaient avec les vagues que soulevait l’étrave inversée, ce qui provoquait des éclats de joie chez Hikari. Ses rires couvraient le vrombissement généré par la vitesse atteinte grâce aux foils qui équipaient le bateau. Elle tourna sa tête vers lui. Ses longs cheveux d’un noir soyeux voletaient devant son visage et elle lui adressa un signe de la main. Konrad jeta un dernier coup d’œil aux instruments avant de lâcher la barre. Le décor se désagrégea en gros paquets de pixels pendant qu’il rejoignait sa femme. Il se retrouva dans le hub terne de la simulation, avec le logo de Comtek® — Sublimer le réel ! qui tournoyait dans l’espace sans limites visibles.

Nouvelle interférence.

Perspective plongeante sur un corps en position fœtale avec une tresse de câbles argentés fins comme des cheveux qui pompait son crâne. Sur la paillasse, l’enveloppe Minakshi © se tordait de douleur. Konrad se vit hurler. L’immensité grise de la zone d’interface siphonna son cri à travers une distorsion numérique.

Konrad sentait qu’on l’arrachait à son matelas. À cause de la déconnexion, ses yeux tressautaient dans leurs orbites pendant qu’on le traînait comme un sac. Entre ses paupières mi-closes, il distinguait les autres plongeurs allongés sur le sol. Ils formaient des étoiles autour des ombilicaux luminescents qui tombaient du plafond. Chaque groupe évoquait une nouvelle variété de légumes qui croissait à même le plancher d’une ferme hydroponique clandestine.

Un flash et les premiers souvenirs de cette réalité lui revinrent. Il se trouvait dans la cave du Voïd. Cela faisait longtemps qu’il ne plongeait plus dans le confort d’une alcôve individuelle. L’humidité lui filait la chair de poule et il aurait bien essuyé la bave qui coulait sur son menton. Sans compter la mauvaise odeur qui persistait à s’insinuer dans ses narines. Il l’aurait chassée si elle n’avait été la sienne. Il fronça les sourcils tandis qu’on le posait sans ménagement sur une chaise métallique vissée à un sol en béton ciré. Sa tête dodelinait sur sa poitrine et un fourmillement gagnait ses extrémités alors qu’il se réappropriait son corps sur mesure. Une enveloppe infalsifiable qui lui évitait de finir dans le Cloaque.

Konrad contemplait le siphon qui se trouvait entre ses pieds. Il croyait reconnaître des résidus organiques coincés dans la grille. Il cracha pour chasser le goût cuivré de la déconnexion. L’une des triplées au look d’écolière en jupe courte plissée qui l’avait conduit dans cette pièce borgne renifla en signe de dégoût. Les deux autres pouffaient derrière leurs ongles fuchsia, ce qui secouait leurs couettes aux reflets bleu nuit. Konrad les ignora. Depuis son éviction des Panthères modernes, il ne se souciait plus des réactions que son apparence suscitait.  

La silhouette élégante de Nergal se découpa dans l’encadrement de la porte. Le patron du Voïd arborait une combinaison sur-mesure qui imitait un costume dans des tons violets. Sa peau squamée sombre présentait des taches différentes de coloration. Pour l’instant, elles affichaient plusieurs variations de jaune. Un signe de satisfaction chez les Sciferiens d’après certaines personnes. Dans l’un des souvenirs éparpillés sur les récifs quantiques de sa mémoire complémentaire, Konrad se rappelait que leurs premières entrevues se tenaient dans le bureau de l’inhumain. Un pan entier de cette pièce bénéficiait d’une réalité augmentée qui espionnait l’activité du club. Il préférait ignorer comment Nergal utilisait ces données.

Le patron du Voïd tira une chaise face à Konrad. Le Sciferien s’assit les jambes écartées et les avant-bras croisés sur le dossier. Ses yeux se paraient d’un voile bleu. Le mafieux carburait au zéphyr. Une drogue qui conférait une acuité confinant à de la prescience, mais son emploi se traduisait par une lente dégénérescence de la cornée. Nergal aurait bientôt besoin d’une transplantation.

— Laisse-moi replonger ! implora Konrad en mangeant ses mots.

Nergal secoua la tête de lassitude.

— Ce n’est pas aussi simple, Konrad. Tu as épuisé ton crédit. Tu sais ce que cela signifie.

Des mains glacées fouillaient ses entrailles. L’inhumain le tenait par les couilles et il se dégoûtait pour ça. Lui, l’ancien limier des Panthères modernes au tableau de chasse inégalé se trouvait contraint de mendier du temps-machine afin de revivre ses meilleurs souvenirs avec sa femme. Le Sciferien demeurait son unique créancier. Il lui gardait une paillasse contre l’exécution de besognes indignes de ses filles.

*

Des nuages bas et sombres s’accumulèrent tout au long de la journée dans le ciel d’Utopia. Gorgés d’humidité par leur périple au-dessus d’un océan gris ardoise, ils s’écharpaient à présent sur les plus hautes tours d’Omnium. Alors que l’obscurité jetait son voile pudique sur la cité détrempée par une pluie battante, l’upcar de Konrad tombait en spirale vers un parking aérien. Ses feux de position clignotants à peine visibles dans la brume liquide qui noyait le sommet de l’immeuble.

L’eau qui tambourinait sur la carlingue au profil racé réveilla l’ex-flic. Chaque nouvelle plongée en SimStim © s’accompagnait d’un retour à la réalité de plus en plus dur. Confus, insensible au mauvais temps qui s’abattait sur sa personne, il se dirigeait vers la halte salvatrice de son conapt. Des images de sa discussion avec Nergal ressurgirent alors qu’il se tenait dans l’ascenseur. En bon camé numérique, il s’était plié à la demande du Sciferien. Il préférait oublier cet épisode en rassemblant ses souvenirs épars d’Hikari.

Konrad décela la présence avant de la voir. Il jaillit de la cabine impacteur au poing. Son cœur battait la chamade face à la silhouette accroupie contre sa porte. Il avait failli presser la détente, mais la longue chevelure corbeau l’en avait dissuadé. Elle leva la tête. Il crut qu’on le frappait au ventre. Ses poumons se vidèrent d’un coup et ses jambes devinrent cotonneuses. Il tomba plus qu’il ne s’agenouilla devant l’apparition. Il effleura le contour de sa pommette, l’arrondi délicat de sa mâchoire, tandis que ses grands yeux noisette le fixaient sans ciller.

Passé la surprise, son conditionnement refit surface. Il l’examina à la recherche d’une menace.

Depuis quand une multiplanétaire tenait-elle ses engagements ?

Il trouverait une réponse satisfaisante à cette question plus tard. Pour l’instant, son instinct lui hurlait de déguerpir. Sur le toit, six g de poussée verticale à la carrosserie autoadaptative les attendaient. Perspective d’un avenir radieux loin d’Utopia, ce monde où réel et virtuel s’entremêlaient jusqu’à la folie.

Ils avançaient contre le vent et la pluie qui fouettaient le tarmac. Konrad détecta les triplées de Nergal avant les premiers tirs. Il poussa Hikari dans son upcar alors qu’une nuée de micromissiles explosaient contre l’aile avant droite ainsi que la portière ouverte. Les tueuses fendaient la nuit détrempée au maximum de leurs capacités. Sa riposte faucha l’une des trois sœurs en pleine course. Les hurlements des deux autres lui parvinrent malgré l’orage. Il plongea entre les processeurs atmosphériques, manqua de glisser au moment de surprendre l’un des clones, mais le gyroscope intégré à la panoplie de ses réflexes conserva son équilibre. L’impact de sa rafale propulsa la tueuse dans le vide et le vent emporta son cri.

Konrad entendait les injonctions malgré la tempête. La Minakshi © canalisa sa rage de savoir Hikari prise en otage. Il contourna son adversaire en se cachant parmi les aérateurs qui entouraient le tarmac. Quelque part dans les logiciels de l’enveloppe une routine bloquait l’épanchement chaud et épais qui imbibait son flanc droit.

La dernière sœur avait traîné Hikari hors de l’upcar. Elle pointait son arme sur la tempe de sa femme qui se tenait à genoux, ses cheveux noirs mouillés dissimulant son visage. Une nouvelle succession d’éclairs zébra le ciel obscur. L’arrogance de la tueuse explosa en un nuage de pulpe sanguinolente. Dans sa chute, son corps heurta la carrosserie avant de toucher le sol. Le roulement de tonnerre avait étouffé la déflagration.

Konrad se précipita vers Hikari. Il s’agenouilla et lui prit la tête entre les mains afin de la couvrir de baisers. Il lui parla, mais l’orage noyait ses paroles. Ils perdaient du temps. L’ex-flic conduisit sa femme jusqu’à son appareil. Ils pouvaient encore s’échapper avant que leurs signalements culminent au sommet des charts des Panthères modernes.

*

Les façades en composite inusable portaient les stigmates d’un laisser-aller inexcusable dans une société sous contrôle permanent. Des holotags tapissaient les murs ternes et y scandaient leur mépris d’une oligarchie fondée sur une immortalité cybernétique frauduleuse. Le quartier du premier astroport avait sombré dans une obsolescence programmée dès la mise en service de l’ascenseur qui reliait la tour Comtek® — Sublimer le réel ! et les nouveaux terminaux en orbite géostationnaire. Des rangées anonymes d’entrepôts désaffectés et d’immeubles bas de bureaux vides faisaient le bonheur des laissés pour compte du modèle social utopien. Le fluigiciel coulait pourtant à flots dans cette économie qui concourait à la suprématie de l’Anneau — le premier cercle d’expansion de l’Interplan, mais les multiplanétaires entretenaient des zones grises partout où elles fleurissaient. Espaces de liberté indispensables à la bonne marche de leurs opérations occultes. C’était ce que Konrad avait appris pendant son service dans les Panthères modernes.

Il poussa la porte du Noctambule. Une clientèle composée de travailleurs en fin de droits, de citoyens aux holo-ID criblées d’incohérences et de criminels dans l’expectative d’engagements lucratifs s’y noyait dans un mélange d’alcool, de pharmacopées plus ou moins légales et de virtualités pirates. Son contact occupait une table près des cabines de SimStim ©. Dans le fond de la salle, une cloison intelligente alternait les holopornos et les matchs de grav-ball. Il s’assit en face de l’arrangeur.

Skynch transpirait une amabilité obséquieuse. Du genre qui lui aurait valu un interrogatoire musclé si Konrad était toujours un flic. L’inhumain au faciès de poisson-clown poussa une aiguille de fluigiciel dans sa direction. Dans d’autres circonstances, la désynchronisation labiale de son traducteur aurait arraché un sourire à l’ancien exécuteur, mais l’argumentation de Skynch qui vantait un boulot facile l’inquiétait. Il risquait sa vie en doublant Nergal. Derrière son respirateur à eau de mer, l’arrangeur le dévisageait avec ses yeux globuleux aussi sombres que le fond d’un océan. Konrad empocha le support de données.
 

La firme que Konrad devait infiltrer occupait l’un de ces cubes locatifs standards qui poussaient dans la périphérie d’Omnium. Au terme d’une surveillance de routine, il estimait la sécurité conforme à celle de ce type d’espace corporatiste. Son intrusion ne devrait pas poser de problème.

Alors qu’il traversait la partie entrepôt du bâtiment, son gilet tactique lesté avec son butin, Konrad éprouva une piqûre au niveau de la nuque et son environnement se transforma en brouillard monochromatique. Des danseurs flous apparurent à la lisière de sa vision barbouillée en noir et blanc. Ils lui tombèrent dessus sans crier gare. Le poison instillé par la fléchette gangrenait la Minakshi © et ses adversaires bougeaient comme un seul homme. L’avalanche de coups, assénés avec une précision chirurgicale, le mit hors-jeu en moins de deux.

Privé de l’usage de ses membres, Konrad s’affaissa dans un simulacre de position agenouillée commune à certains arts martiaux. Sa fureur se heurtait à la camisole anatomique de son corps paralysé.

Une silhouette aux traits grisés émergea de cette bouillie de pixels qu’affichait la réalité augmentée corrompue de son enveloppe. Elle l’attrapa par sa mâchoire inférieure. Ainsi, la tête pensante du commando s’assurait qu’il comprenait bien ce qu’elle disait. Son éloquence lui rappela celle d’un négociateur Morpho de chez Senso-Rezo® — Ressentir c’est mieux qui l’avait mené en bateau lors d’un casse avorté au sein de l’antenne locale de la multiplanétaire. En dépit de ses efforts pour désamorcer la situation, les voleurs n’avaient plus jamais fait parler d’eux. Konrad imaginait sans peine avec quelle facilité ceux-là avaient manipulé Skynch pour qu’il l’engage.

Quelques phrases articulées autour d’un nombre précis de mots-clés, plus la perspective de retrouver une Hikari incarnée d’après un échantillon d’ADN et un bouquet de souvenirs brisèrent sa volonté déjà ébranlée. En dehors de son addiction aux logiciels de SimStim © du Voïd, Konrad ne devait rien à Nergal. Si ce dernier avait utilisé son système de surveillance à mauvais escient, cela ne le perturbait pas de venger la victime du Sciferien, tant que cette personne tenait sa promesse.
 

Le virus informatique que les Morphos lui inoculèrent ravagea le cloud de Nergal. L’empire de l’inhumain s’effondrait par pans entiers de Q-bits, mais Konrad ne le vit pas. Son upcar le ramenait chez lui.

*

Le tourbillon d’hologrammes qui animait les parois circulaires du Strip s’étirait sans fin. Ses projections publicitaires virales se jetaient à la rencontre de l’upcar qui crevait ces nuages de pixels scintillants en slalomant d’un couloir aérien à un autre. L’IA confirma la restauration de l’étanchéité. Ils pouvaient rejoindre la mésosphère sans crainte.

Le picotement dans les doigts de Konrad se muait en engourdissement. L’enveloppe Minakshi © semblait plus endommagée que ce que ses sensations laissaient croire. Une fois en orbite, il aurait besoin d’un rebooteux.

Côté passager, Hikari fixait sans ciller un point au-delà de la carrosserie. Bien qu’elle corresponde à ses souvenirs, son silence l’inquiétait. Elle ressemblait à une poupée de porcelaine dont il effleura le bras et le froid s’immisça jusque dans ses os. Les Morphos l’avaient baisé.

Derrière le pare-brise, la lumière blanche occupait tout l’horizon à présent. S’agissait-il encore de la réalité ? Konrad l’ignorait, mais quand la lueur incandescente inonda l’habitacle, Hikari lui souriait comme lors de leur première rencontre.

Paul Fichtre

Source

Texte @ Paul Fichtre, tous droits réservés

Paul Fichtre
Copyright @ Paul Fichtre pour Le Galion des Etoiles. Tous droits réservés. En savoir plus sur cet auteur

𝗟𝗘 𝗚𝗔𝗟𝗜𝗢𝗡 𝗗𝗘𝗦 𝗘𝗧𝗢𝗜𝗟𝗘𝗦 𝗘𝗦𝗧 𝗨𝗡 𝗦𝗜𝗧𝗘 𝗦𝗔𝗡𝗦 𝗣𝗨𝗕𝗟𝗜𝗖𝗜𝗧É. 𝗩𝗼𝘂𝘀 𝗮𝗶𝗺𝗲𝘇 𝗻𝗼𝘀 𝗮𝗿𝘁𝗶𝗰𝗹𝗲𝘀, 𝗺𝗮𝘁𝗲𝗹𝗼𝘁𝘀 ? 𝗩𝗼𝘂𝘀 𝗽𝗼𝘂𝘃𝗲𝘇 𝗳𝗮𝗶𝗿𝗲 𝘂𝗻 𝗱𝗼𝗻 𝗲𝘁 𝗮𝗶𝗻𝘀𝗶 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝘀𝗼𝘂𝘁𝗲𝗻𝗶𝗿 !

💬Commentaires

1.Posté par Koyolite TSEILA le 30/04/2021 16:18 | Alerter
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KoyoliteTseila
Alors en toute sincérité, j'ai trouvé cette lecture difficile. J'ai dû m'y reprendre à trois fois, parce que je me suis retrouvée éjectée en cours de route. Non pas parce que ce n'est pas bien raconté ou mal écrit, au contraire. Mais parce qu'il y a tout un tas de sensations qu'il faut assimiler, des situations dans lesquelles il faut se placer/projeter rapidement parce que l'on saute d'un endroit à l'autre, puis des termes et des noms que je ne connais pas (sont-ils issus d'un univers de l'auteur qu'il aurait imaginé pour un livre ?) dont j'ai essayé de chercher la signification sur le Net. Une fois que j'ai enfin compris (fin du deuxième paragraphe) qu'il s'agit de plongées dans des univers virtuels, la première partie du texte a pris du sens et j'ai pu mieux m'imprégner des ambiances des différentes scènes proposées. Je n'ai pas l'habitude des bonds dans des univers virtuels, alors peut-être aussi ne suis-je pas la lectrice la plus qualifiée pour appréhender cela. Néanmoins, je peux très bien imaginer qu'un Gamer y trouve rapidement son compte et s'y sente à l'aise. Pour moi, c'est trop déstabilisant. Je me sens plus à l'aise sur le pont d'un vaisseau ;-) Néanmoins, je remercie Paul Fichtre d’avoir proposé ce texte à bord du Galion, un récit qui m’a secouée de mes habitudes littéraires. En ce sens, ce fut une expérience intéressante.

2.Posté par Jean Christophe GAPDY le 30/04/2021 21:45 | Alerter
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JCGapdy
Lu et apprécié comme un amusement. On est bien dans une partie de flipper, comme le dit le texte. Seul drame pour nous, lecteur, nous sommes la boule au même titre que Konrad dans cette partie « flippante » (désolé, je ne pouvais résister) et que nous rebondissons d’un univers virtuel à l’autre, comme si, à chaque apparition d’un astérisque, on se payait d’être relancé par un slingshot pris en pleine figure. On se fait donc renvoyer d’un monde à l’autre et d’un point de vue complètement « barré » de Konrad à un autre, sans savoir ce qui pourrait être réel, onirique ou virtuel (ce qui est l’objectif avoué). Du coup et pour ma part, j’ai vraiment aimé cette histoire déjantée.
Par contre, vu le nombre de mots spécifiques à la partie, je ne sais si tout le monde sera accroché. Petit détail, il serait sympa que les termes associés à des © soit mis en italique ; je n’ai en effet pas très bien su ce qui était copyrighté dans certains cas, en autres pour « finition zéro absolu », est-ce la finition..., le zéro absolu ou juste le mot absolu ? C’est un détail, mais, comme je ne serai pas le seul à lire ce texte... 😉

3.Posté par Siebella CHTH le 01/05/2021 18:42 | Alerter
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Sieb
Très peu habituée à ce genre de littérature il faut l'avouer, je dois avouer que je ressors de cette lecture drôlement secouée. Mais j'ai tenté, par curiosité.
Il m'a été difficile de me projeter dans cette aventure, que j'avais l'impression de prendre en cours de route. Il m'a fallu atteindre quelques paragraphes pour comprendre où l'auteur m'avait entraînée, et où le héros évoluait. Mais que de termes techniques totalement inconnus de la novice que je suis en la matière ! Là aussi, j'ai dû me concentrer plus qu'à l'habitude (tant on passe d'une scène à l'autre rapidement aussi) pour user davantage de ma logique -pas vraiment à son top-niveau en général- et finalement comprendre la signification de termes complexes.
L'histoire est intéressante ceci dit, mais mériterait des termes plus .. abordables, ou alors avec une explication en astérisques peut-être ? (Ce que j'ai cherché aussitôt d'ailleurs) J'avoue que je ne serais pas allée beaucoup plus loin si c'était un livre, tant j'ai décroché pour tout saisir et apprécier ma lecture. Hormis cela, les descriptions sont subtiles et imagées, mais pas assez approfondies à mon goût. En fait, j'ai eu l'impression de débouler/tomber dans votre histoire tout comme votre héros dans chacune de ses aventures, à grande vitesse et avec brutalité.
En conclusion, j'ai apprécié la découverte de ce court voyage dans votre univers, mais celle-ci était trop rapide et technique pour moi.
Vous m'avez perdue dans la lueur incandescente..

Merci pour cette lecture,

SChTh.

4.Posté par Djackdah NIELLE le 22/05/2021 19:07 | Alerter
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Djackdah
Une fois plongée dans l'histoire j'ai morflé avec le héros, baladé d'une réalité à une autre, d'une virtualité à une autre, j'avais des flashs dans les yeux, des vertiges...
Cette histoire je la vois parfaitement à l'écran, tel un court métrage à 100 à l'heure, où il serait difficile de differencier le virtuel du reel (ce réel existe-t-il d'ailleurs)! Est-on dans une matrice, dans un monde à la Avalon de Mamoru Oshii, qui manipule qui, tant de question qui n'ont pas de réponse et pourtant ce n'est pas dérangeant, preuve que l'histoire est réussi puisqu'elle se suffit.
Merci pour ce petit moment de lecture.

5.Posté par Christobal COLUMBUS le 27/01/2022 06:58 | Alerter
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ChristoColumbus
Je dois avouer que j'ai eu assez bien de mal à comprendre cette histoire. D'ailleurs, n'étant même pas arrivé à la moitié, je me suis mis à la relire depuis le début, pensant avoir zappé un paragraphe.
Le mot "comprendre" n'est pas encore le bon terme à utiliser car je n'ai carrément pas compris d'où venaient, où allaient et qui étaient Konrad et Hikari.
Ce n'est que "par facilité" (ou résignation) que je me suis dit que nous étions dans des mondes (ou jeux) virtuels; ce qui était le plus plausible mais sans jamais pouvoir déterminer où était la part de réel.
J'en déduis donc que l'auteur comptait plonger ses lecteurs dans la confusion et il y est arrivé parfaitement.

6.Posté par Julien VERHAEGE le 27/07/2022 21:29 | Alerter
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Juju
Une nouvelle...déconcertante, comme certainement ce qu'a vécu le héros. J'avoue que j'ai eu du mal avec cette nouvelle. Je sens plein de bonnes intentions : un feeling de thriller/roman-film noir assez palpitant, avec des personnages intéressants et un univers construit, plein d'éléments qui sortent de l'ordinaire pour du polar comme pour du SF, un comportement du héros qui s'explique et qu'on ne peut que compatir, et peut-être que comme le héros, le but est d'être aussi largué, et de s'interroger sur ce qui était réel ou non. Si c'est cela, l'intention est louable, même réussie. Cependant, en terme de ressenti personnel, il me manque trop d'éléments pour permettre la compréhension (non que c'est mal écrit, au contraire), entre autres, les terminologies me sont abscons pour que je comprenne les tenants et les aboutissants : j'ai essayé de rattacher des éléments entre eux, mais la narration passe d'une chronologie à une autre, expose ces éléments rapidement avant d'en passer à d'autres en quelques lignes/paragraphes, et j'ai l'impression d'avoir vraiment manqué un épisode tant je suis lancé "in media res" pour comprendre la construction de l'univers. Comme si j'atterrissais dans un univers dont les codes sont déjà connus, mais moi malheureusement je ne les connais pas. Si je salue l'inventivité et la rédaction, et ce côté polar/SF pas inintéressant, c'est plus au niveau de la narration et des éléments placés pour que le lecteur comprenne de quoi il en retourne, avec un rythme moins confus, que ce récit me perd. Malgré cela, je ne peux qu'encourager l'auteur à continuer à développer son imaginaire dans d'autres nouvelles.

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