Illustration et quatrième de couverture
La complexité a pour contrepartie le chaos, établissant ainsi un équilibre mouvant qui permet à l'évolution de s'exprimer. La fuite en avant de l'humanité accroît-elle le désordre autour d'elle ? La contraint-elle à opérer des choix, heureux ou malheureux, dont dépend son avenir ?
Saura-t-elle maintenir les plateaux de la balance au même niveau ou bien, par ses excès la fera-t-elle pencher du mauvais côté ? Dans un cas comme dans l'autre, quels seront les défis à relever, les conséquences à assumer ? Qui aura le dernier mot : l'esprit ou L'ENTROPIE ?
Table des matières
Préface de Jean-Michel Archaimbault
Saura-t-elle maintenir les plateaux de la balance au même niveau ou bien, par ses excès la fera-t-elle pencher du mauvais côté ? Dans un cas comme dans l'autre, quels seront les défis à relever, les conséquences à assumer ? Qui aura le dernier mot : l'esprit ou L'ENTROPIE ?
Table des matières
Préface de Jean-Michel Archaimbault
- La chose qui pensait
- Après moi le déluge
- Izieu
- L’Antéchrist
- L’arbre jaune
- Le dernier songe de Vaux
- Le temps du rêve
- Les Alyscamps
- Norma
- Entropie
- Un coup de grisou
- Une fille dans la nuit
- Vanité
- Wannsee
- Admira
- Dans la maison du jaguar
- Euryale
- Évolution
- La Madelon
🖋 Nous vous proposons un article rédigé à 6 mains par les Galionautes Jean-Michel Archaimbault, Koyolite Tseila et J.C. Gapdy
Préface de Jean-Michel Archaimbault
1973... et la suite
Évoquer le titre de cette dystopie corrosive et grinçante signée Richard Bessière (Fleuve Noir Anticipation n°555, avril 1973) n’a rien d’un pur hasard. D’abord, l’année indiquée marque l’entrée d’un jeune homme passionné de science-fiction dans le fanzinat actif et lui offre l’occasion inespérée d’une rencontre déterminante. Ensuite, la référence à l’auteur qui a ouvert le grand bal d’Anticipation en 1951 permet de souligner toute l’importance de cette collection – à l’époque et encore maintenant – pour ledit jeune homme qui se décrit comme « élevé au Fleuve Noir sous la mère ». Bien évidemment, il s’agit de Didier Reboussin, une personnalité dont la richesse, les connaissances, la passion et le talent n’ont d’égales que la discrétion, la gentillesse et le besoin de partager ce qu’il aime. Son parcours personnel, il l’a déjà relaté dans son article Souvenirs faniques paru en 2021 sur le site Le Galion des Etoiles.
Après ses deux romans, « L’arbre aux lunes » (2017) puis « Le chemin de Damas » (2021), parus chez Pulp Factory, voici donc que Didier nous propose « Entropie », qui regroupe dix-neuf nouvelles dont sept inédites…
Ne nous étonnons pas de souvent trouver dans ces textes, à travers l’écriture classique, la sensibilité aiguë et l’imagination si vaste de leur auteur, l’écho de facettes remarquables du talent de ces deux grandes dames que furent Nathalie Henneberg et Julia Verlanger, tout en y percevant aussi l’admiration de Didier pour d’autres maîtres de la science-fiction.
Ainsi, par exemple, Clifford D. Simak dans « La chose qui pensait », avec une dimension supplémentaire d’amour sublime et tragique suscité par des présences enfouies sous la terre depuis les premiers âges du monde. Et plus loin, dans « Évolution », Olaf Stapledon dont le « Créateur d’étoiles » résonne lors de l’éveil à la conscience cosmique du narrateur qui se verra confier le choix du destin de notre espèce.
Dans cette collection de nouvelles, Didier Reboussin nous invite à voyager sur notre planète, à la recherche de l’éternel féminin qui se révèle dans des contrées lointaines, dans des replis du temps, dans d’autres dimensions soudain accessibles par des processus étranges ou miraculeux. Omniprésente, l’Histoire offre ses surprises et ses pièges en diverses époques marquantes, dont l’âge noir de la Seconde Guerre mondiale avec ses criminels encore impunis et ses démons qu’il faut exorciser. À Sarajevo, deux amoureux tragiques trouvent un refuge surréaliste, les mines de charbon du Nord voient apparaître un Messie inattendu et un disciple fauteur de catastrophe, une locomotive à vapeur (rappelons au passage que le monde ferroviaire est l’une des grandes passions de Didier) relie tout-à-coup l’année 1955 aux premiers mois de la Grande Guerre et emmène son « train des fantômes » sur une voie balisée de souvenirs poignants… Nous irons « en Arles, où sont les Alyscamps » (Paul-Jean Toulet), dans un autre Paris, à Milan sur les traces de Maria Callas, à Vaux-le-Vicomte, en Australie, au Mexique… et il ne sera pas toujours aisé d’en revenir.
L’espace, le cosmos s’ouvrent pour la visite à des mondes singuliers, de gadoue et de pétrole où règne la plus sordide cupidité, de fascination et de merveilles comme ce grand arbre qui, sous les rayons de trois soleils, enserre entre ses branches et ses ramures des planètes et des lunes où foisonnent la vie et la conscience. Viennent alors les réflexions et les considérations sur le pouvoir, la durabilité des structures qui le sous-tendent et lui permettent de s’exercer, la vanité et la fragilité de ces édifices que sont les civilisations planétaires ou interstellaires.
En synthèse, la puissance absolue et souveraine peut-elle appartenir à autre force ou principe que l’entropie ? Qu’elle soit terrestre ou galactique, l’Humanité n’est-elle pas vouée qu’à une seule destinée, celle de disparaître pour que soient effacées les traces de son triste passage et qu’une chance de renouveau, de réinitialisation positive, soit offerte à ce qui viendra après ?
Au gré de ces histoires, l’une des constatations les plus frappantes est bien cette perception du caractère nuisible de l’Homme. Quant aux « anges de la colère » qui surgiront ou seront élus pour éradiquer le fléau, ils auront le choix des armes, du grotesque au tragique, du ridicule au métaphysique. Et nous, lecteurs, resterons là, à méditer sur le meilleur ou le pire, au bord d’un abîme de réflexions…
Les derniers mots seront pour illustrer plusieurs convergences personnelles entre Didier et moi-même. Tous deux, nous sommes d’ardents défenseurs du Fleuve Noir Anticipation (et Angoisse, également) qui nous a fait faire nos premiers pas sur les chemins de la science-fiction. Les fréquentes contributions de Didier au fanzine « Météore » de Michel Vannereux et ses « Croisières au long du Fleuve », dans Galaxies, auxquelles il m’associe à l’occasion, en témoignent notamment. En 2011, nous nous sommes retrouvés dans l’anthologie commémorative « Dimension Jimmy Guieu » concoctée par Richard D. Nolane chez Rivière Blanche. Puis Didier a signé la très belle nouvelle « Le destin d’Hermos » dans mon étude et anthologie « Interco, la Galaxie humaine de J. et D. Le May » parue fin 2013 chez le même éditeur. Au même moment, alors que je réfléchissais à la réécriture « modernisée » d’un roman de Richard Bessière (autre que « Les conquérants de l’Univers », demande initiale de Mick Bessière mais véritable mission impossible !), une très pertinente conversation avec Didier lors des regrettées Rencontres de l’Imaginaire de Sèvres m’a conforté dans le choix de « N’accusez pas le ciel »[Fleuve Noir Anticipation n°259, 1964], qui est ainsi devenu Katorga et a été publié fin 2014 toujours chez Rivière Blanche. Fin 2021, nous avons tous deux été d’actifs artisans des divers hommages rendus à Richard Bessière à l’occasion des dix ans de sa disparition, renouvelant ainsi le témoignage de notre amitié commune avec Mick et le devoir de mémoire envers feu son époux. Le choix du titre de cette préface en est d’ailleurs une illustration supplémentaire. Enfin, le Ténério mentionné dans « L’arbre aux lunes » est la figure centrale du roman « Les survivants de Kor »[Fleuve Noir Anticipation n°323/H.S.12, 1967] signé Peter Randa (de son vrai nom André Duquesne, 1911-1979), le préféré de Didier dans l’œuvre abondante d’un auteur trop vite jugé et étiqueté dont nous sommes parmi les seuls et derniers à militer pour la reconnaissance de certaines qualités remarquables.
Mais ceci est une autre histoire !
Jean-Michel Archaimbault
Après ses deux romans, « L’arbre aux lunes » (2017) puis « Le chemin de Damas » (2021), parus chez Pulp Factory, voici donc que Didier nous propose « Entropie », qui regroupe dix-neuf nouvelles dont sept inédites…
Ne nous étonnons pas de souvent trouver dans ces textes, à travers l’écriture classique, la sensibilité aiguë et l’imagination si vaste de leur auteur, l’écho de facettes remarquables du talent de ces deux grandes dames que furent Nathalie Henneberg et Julia Verlanger, tout en y percevant aussi l’admiration de Didier pour d’autres maîtres de la science-fiction.
Ainsi, par exemple, Clifford D. Simak dans « La chose qui pensait », avec une dimension supplémentaire d’amour sublime et tragique suscité par des présences enfouies sous la terre depuis les premiers âges du monde. Et plus loin, dans « Évolution », Olaf Stapledon dont le « Créateur d’étoiles » résonne lors de l’éveil à la conscience cosmique du narrateur qui se verra confier le choix du destin de notre espèce.
Dans cette collection de nouvelles, Didier Reboussin nous invite à voyager sur notre planète, à la recherche de l’éternel féminin qui se révèle dans des contrées lointaines, dans des replis du temps, dans d’autres dimensions soudain accessibles par des processus étranges ou miraculeux. Omniprésente, l’Histoire offre ses surprises et ses pièges en diverses époques marquantes, dont l’âge noir de la Seconde Guerre mondiale avec ses criminels encore impunis et ses démons qu’il faut exorciser. À Sarajevo, deux amoureux tragiques trouvent un refuge surréaliste, les mines de charbon du Nord voient apparaître un Messie inattendu et un disciple fauteur de catastrophe, une locomotive à vapeur (rappelons au passage que le monde ferroviaire est l’une des grandes passions de Didier) relie tout-à-coup l’année 1955 aux premiers mois de la Grande Guerre et emmène son « train des fantômes » sur une voie balisée de souvenirs poignants… Nous irons « en Arles, où sont les Alyscamps » (Paul-Jean Toulet), dans un autre Paris, à Milan sur les traces de Maria Callas, à Vaux-le-Vicomte, en Australie, au Mexique… et il ne sera pas toujours aisé d’en revenir.
L’espace, le cosmos s’ouvrent pour la visite à des mondes singuliers, de gadoue et de pétrole où règne la plus sordide cupidité, de fascination et de merveilles comme ce grand arbre qui, sous les rayons de trois soleils, enserre entre ses branches et ses ramures des planètes et des lunes où foisonnent la vie et la conscience. Viennent alors les réflexions et les considérations sur le pouvoir, la durabilité des structures qui le sous-tendent et lui permettent de s’exercer, la vanité et la fragilité de ces édifices que sont les civilisations planétaires ou interstellaires.
En synthèse, la puissance absolue et souveraine peut-elle appartenir à autre force ou principe que l’entropie ? Qu’elle soit terrestre ou galactique, l’Humanité n’est-elle pas vouée qu’à une seule destinée, celle de disparaître pour que soient effacées les traces de son triste passage et qu’une chance de renouveau, de réinitialisation positive, soit offerte à ce qui viendra après ?
Au gré de ces histoires, l’une des constatations les plus frappantes est bien cette perception du caractère nuisible de l’Homme. Quant aux « anges de la colère » qui surgiront ou seront élus pour éradiquer le fléau, ils auront le choix des armes, du grotesque au tragique, du ridicule au métaphysique. Et nous, lecteurs, resterons là, à méditer sur le meilleur ou le pire, au bord d’un abîme de réflexions…
Les derniers mots seront pour illustrer plusieurs convergences personnelles entre Didier et moi-même. Tous deux, nous sommes d’ardents défenseurs du Fleuve Noir Anticipation (et Angoisse, également) qui nous a fait faire nos premiers pas sur les chemins de la science-fiction. Les fréquentes contributions de Didier au fanzine « Météore » de Michel Vannereux et ses « Croisières au long du Fleuve », dans Galaxies, auxquelles il m’associe à l’occasion, en témoignent notamment. En 2011, nous nous sommes retrouvés dans l’anthologie commémorative « Dimension Jimmy Guieu » concoctée par Richard D. Nolane chez Rivière Blanche. Puis Didier a signé la très belle nouvelle « Le destin d’Hermos » dans mon étude et anthologie « Interco, la Galaxie humaine de J. et D. Le May » parue fin 2013 chez le même éditeur. Au même moment, alors que je réfléchissais à la réécriture « modernisée » d’un roman de Richard Bessière (autre que « Les conquérants de l’Univers », demande initiale de Mick Bessière mais véritable mission impossible !), une très pertinente conversation avec Didier lors des regrettées Rencontres de l’Imaginaire de Sèvres m’a conforté dans le choix de « N’accusez pas le ciel »[Fleuve Noir Anticipation n°259, 1964], qui est ainsi devenu Katorga et a été publié fin 2014 toujours chez Rivière Blanche. Fin 2021, nous avons tous deux été d’actifs artisans des divers hommages rendus à Richard Bessière à l’occasion des dix ans de sa disparition, renouvelant ainsi le témoignage de notre amitié commune avec Mick et le devoir de mémoire envers feu son époux. Le choix du titre de cette préface en est d’ailleurs une illustration supplémentaire. Enfin, le Ténério mentionné dans « L’arbre aux lunes » est la figure centrale du roman « Les survivants de Kor »[Fleuve Noir Anticipation n°323/H.S.12, 1967] signé Peter Randa (de son vrai nom André Duquesne, 1911-1979), le préféré de Didier dans l’œuvre abondante d’un auteur trop vite jugé et étiqueté dont nous sommes parmi les seuls et derniers à militer pour la reconnaissance de certaines qualités remarquables.
Mais ceci est une autre histoire !
Jean-Michel Archaimbault
Par Koyolite Tseila
Brefs retours de lecture de sur quelques unes de nouvelles de ce recueil
La chose qui pensait | L’arbre jaune | Le dernier songe de Vaux | Norma | Une fille dans la nuit | Vanité | Wannsee | La Madelon
Des nouvelles dont j'ai énormément apprécié la lecture. "La chose qui pensait", "La Madelon" et "Une fille dans la nuit" sont des coups de 🖤.
Des nouvelles dont j'ai énormément apprécié la lecture. "La chose qui pensait", "La Madelon" et "Une fille dans la nuit" sont des coups de 🖤.
Par J.C. Gapdy
Fiche de lecture
Ce « fix-up » (ou recueil d’un même auteur, mais en anglais, ça fait plus « culturé ») de maître Didier Reboussin débute avec une préface sacrément agréable qui donne encore plus envie de se plonger sans attendre dans ces textes.
Tout l’ouvrage est « nickel » et écrit au « millimètre », comme de petits joyaux soigneusement disposés dans un écrin, chacun unique pour sa nouvelle. Celles-ci nous offrent de découvrir les thèmes chers à l’auteur, dont ceux de mémoire, d’univers parallèle et réflexions devant les facettes si contradictoires de notre humanité, allant des plus noires et terribles aux plus admirables et « humaines ». Au final, mêlant espoirs et une évidente poésie dans plusieurs de ses récits, Didier Reboussin règle sans concession ses comptes avec la folie des hommes, souvent irrémédiablement, mais toujours avec peine, compassion et une réelle tendresse, en fait, sans aucune méchanceté ni fureur. Il le fait avec force, tout en levant un peu le voile sur son érudition.
Notez que ce ne sont pas là des nouvelles de pure « SF », mais des textes où prédominent le merveilleux et le fantastique qui se prêtent bien mieux à tout ce qu’il nous raconte.
Pour faire simple et ne pas spoiler quoi que ce soit, je vais brosser (ou repasser pour celles qui ont été offertes au Galion) un tour rapide sur les 19 histoires qui composent ce livre, tout en ajoutant quelques cœurs à celles qui m’ont le plus marqué, que ce soit sur le fond, la forme ou parce que le thème m’a encore plus parlé que d’autres. Attention, il ne s’agit pas d’une notation, uniquement d’un ressenti totalement subjectif selon que ces textes m’ont plus ou moins touché.
Tout l’ouvrage est « nickel » et écrit au « millimètre », comme de petits joyaux soigneusement disposés dans un écrin, chacun unique pour sa nouvelle. Celles-ci nous offrent de découvrir les thèmes chers à l’auteur, dont ceux de mémoire, d’univers parallèle et réflexions devant les facettes si contradictoires de notre humanité, allant des plus noires et terribles aux plus admirables et « humaines ». Au final, mêlant espoirs et une évidente poésie dans plusieurs de ses récits, Didier Reboussin règle sans concession ses comptes avec la folie des hommes, souvent irrémédiablement, mais toujours avec peine, compassion et une réelle tendresse, en fait, sans aucune méchanceté ni fureur. Il le fait avec force, tout en levant un peu le voile sur son érudition.
Notez que ce ne sont pas là des nouvelles de pure « SF », mais des textes où prédominent le merveilleux et le fantastique qui se prêtent bien mieux à tout ce qu’il nous raconte.
Pour faire simple et ne pas spoiler quoi que ce soit, je vais brosser (ou repasser pour celles qui ont été offertes au Galion) un tour rapide sur les 19 histoires qui composent ce livre, tout en ajoutant quelques cœurs à celles qui m’ont le plus marqué, que ce soit sur le fond, la forme ou parce que le thème m’a encore plus parlé que d’autres. Attention, il ne s’agit pas d’une notation, uniquement d’un ressenti totalement subjectif selon que ces textes m’ont plus ou moins touché.
1 – La chose qui pensait : ❤❤❤️
Un hommage à Clifford D. Simak (Au carrefour des étoiles, Demain les chiens, La planète de Shakespeare, etc.) avec cet homme qui perçoit, lors d’un voyage touristique, la présence d’une créature lui « parlant ». Une histoire empreinte de douceur et de poésie.
2 – Après moi le déluge : ❤
Gadoue : une étrange planète où le pétrole (et l’argent) coule presque à flots, mais où il ne cesse de pleuvoir depuis 4000 ans. Et que peut donc faire un clown qui s’y égare ? À part, peut-être, tenter de changer le monde sur le coup d’une rencontre inattendue.
3 – Izieu : ❤❤❤️
Une référence et un hommage aux 44 enfants juifs qui, avec 7 adultes, ont été arrêtés et déportés lors de la rafle de la colonie d’Izieu (dans l’Ain) par la Gestapo, le 6 avril 44. C’est d’autant plus poignant que l’enfer ne saurait avoir la même amertume pour tous.
4 – L’antéchrist : ❤
Un Visiteur se rend sur Terre dans un but étrange : celui de « redresser » la situation catastrophique dans laquelle ses habitants ont mis leur planète. Un texte plein d’humour et de dérision, avec de grands coups de canifs dans l’humanité et ses « errements ».
5 – L’arbre jaune : ❤❤❤️❤❤️
Que voici un texte étonnant avec ce prequel de L’Arbre aux Lunes, mêlant à la fois fantasy, magie et univers oniriques, successions de flashes comme autant de poèmes glissant les uns à la suite des autres – ils me font penser à « La Quête de la Joie » de Patrice de la Tour du Pin et à « Ikara ou les Elfes » de Patrice de Loup Rouge. C’est un petit moment hors du temps, souvent proche du rêve éveillé, teinté de mille couleurs et d’une certaine griserie. L’auteur partage avec nous ce songe au bord du gouffre, celui où, les pieds posés sur l’une des énormes branches de l’Arbre Jaune, on titube un peu, hésitant entre se laisser entraîner au-delà du raisonnable par Alquamine et se retenir à la réalité qui nous permettra de regagner notre Terre.
6 – Le dernier songe de Vaux : ❤❤❤️
S’appuyant, au départ, sur une aventure maritime, on vogue très vite vers le conte philosophique, un conte dans lequel l’auteur nous entraîne sans rémission. Il soulève questions et tourments quant à l’Homme et son avenir, quant à tout ce qu’il forge, au travers de paysages mêlant l’ordinaire à l’extraordinaire, tout en brossant de quelques fins traits de pinceaux des pans de l’Histoire. On dit que tout écrivain se dévoile un petit peu dans ses textes, comme un peintre dans ses tableaux. Et celui-ci, ma foi, nous laisse rêveurs de par ses possibles, autant que par les vagues qui s’agitent sans fin sur la mer du futur, comme si ce naufrage et cette disparition de la Boussole et l’Astrolabe se faisaient prophétie. Une aventure riche de poésie et de réflexions.
7 – Le temps du rêve : ❤❤❤️
Un texte qui nous fait découvrir le Jukurrpa des aborigènes d’Australie, un ensemble d’histoires, de références, de mythes, sur la création du monde et sur les origines du tout. C’est « le temps des rêves », quelque chose qu’il est difficile de traduire et d’expliquer avec nos mots d’Occidentaux. Pour reprendre ce qu’en dit « The Australian Project », « chaque tribu Aborigène possède son rêve qui lui est transmis de génération en génération et il existe autant de tribus que de rêves, même si certaines légendes se retrouvent dans plusieurs rêves, mais tous les Aborigènes croient en ce Jukurrpa qui régit tout » © The Australian Project. Un texte superbe pour découvrir cette essence des Aborigènes.
8 – Les Alyscamps : ❤❤❤️
Pour qui ne connaîtrait pas, les Alyscamps sont une nécropole d’Arles, qui n’est qu’à une heure de chez moi et que j’ai eu l’occasion de visiter voici quelques années déjà. Cette superbe histoire m’a fait irrésistiblement penser à « La Vénus d’Ille » de Prosper Mérimée (datée de 1837). Ce texte est celui de la fascination que provoque une statue (telle une Galatée semblable à celle que sculpta Pygmalion), une fascination qui ouvre les portes d’un monde dont on ignorera s’il est uniquement onirique ou s’il est réellement celui du passé, à moins que ce ne soit les deux…
9 – Norma : ❤❤❤❤️
Une nouvelle qui, d’un rêve, recrée la vie et l’avenir, les mêlant et les intriquant l’une et l’autre, pour offrir de l’espoir et une vision où le chant est paradis. Une histoire si forte et si étonnante qu’elle a fait resurgir quelques vers de la Divine Comédie de Dante (le Florentin Durante degli Alighieri, de son nom complet) et plus particulièrement du Chant 1 dans « Le Paradis ». Et je trouve que ces quelques lignes s’accordent parfaitement à ce songe : « Je fus dans le ciel qui prend le plus de sa lumière, et j’y vis des choses que ne sait ni peut redire celui qui en descend ; car en s’approchant de son désir notre esprit y plonge si profondément, que la mémoire ne peut le suivre. » Et puisque cette histoire parle de l’Opéra « Norma » de Vincenzo Bellini, apprenez que vous pouvez écouter sur Y.T. l’œuvre complète (2 heures) chantée en 1954 à Milan avec, bien évidemment, Maria Callas. La qualité n’est pas au rendez-vous, mais cela vous permettra de découvrir si vous ne connaissez pas.
https://www.youtube.com/watch?v=80iFQqBCCyM 10 – Entropie : ❤❤
Voilà une nouvelle dont le début m’a rappelé le Superman de Richard Donner (1978 avec Christopher Reeve), quand Marlon Brando commence par condamner 3 citoyens à l’exil à vie en les faisant absorber par un cristal puis éjecter dans l’espace. Et pour une fois, l’ONU (le grand machin comme le surnommait de Gaulle) « sert » à quelque chose, grâce au personnage principal qui vient justement d’être condamné à un exil forcé sur Terre et à notre époque. Un texte amusant autant que pittoresque qui prête à « sourire », malgré les points fort sérieux qui sont soulevés quant à notre actualité et notre futur.
11 – Un coup de grisou : ❤❤❤❤
J’avais eu l’occasion de découvrir cette excellente nouvelle dans la revue Galaxies n° 74 (au cœur du dossier relatif à François Bordes, alias Francis Carsac, célèbre préhistorien français et auteur de SF). Et j’ai retrouvé le même plaisir à la relire ici. Nous suivons les confessions d’un homme qui, disposant d’un don et de l’accès à des pierres très particulières, commit un jour une erreur… Un texte superbe sur l’enivrement que procure une certaine forme de « pouvoir », avec les risques quant à ce que pourrait en tirer l’humanité.
12 – Une fille dans la nuit : ❤❤❤❤
Une fable poétique, mêlant désillusion et espoir, qui fait penser à « La soucoupe de solitude » de Theodore Sturgeon (Les plus qu’humains, Cristal qui songe, etc.). Un texte qui se marie parfaitement avec le final de la musique de Jack Nitzsche pour le film Starman, d’autant mieux qu’à la lecture il dure aussi longtemps.
13 – Vanité : ❤❤
À cause d’une citation en début de texte, cette histoire m’a fait penser à la chanson d’Angelo Branduardi « Vanità di vanità » (écrite pour la B.O. du film « State buoni se potete » de Luigi Magni)…
Lui ? C’est l’un de ces envoyés à travers l’espace pour assurer, par-delà les siècles de distance et de voyages, le lien entre les planètes conquises par l’homme et sa Terre d’origine, passant le plus clair de son temps en sommeil artificiel et ne s’éveillant qu’à l’approche de l’une de ces planètes. Si ce n’est que là… ce ne sont pas ses semblables qu’il retrouve, mais une étrange entité, qui va mettre à mal tout ce qu’il pensait savoir et tout, tout ce que les religions avaient édicté au fil des millénaires. Tout est-il vain finalement ? Ou… Si les dieux n’existent pas, les hommes en auraient-ils besoin ? Ou…
Lui ? C’est l’un de ces envoyés à travers l’espace pour assurer, par-delà les siècles de distance et de voyages, le lien entre les planètes conquises par l’homme et sa Terre d’origine, passant le plus clair de son temps en sommeil artificiel et ne s’éveillant qu’à l’approche de l’une de ces planètes. Si ce n’est que là… ce ne sont pas ses semblables qu’il retrouve, mais une étrange entité, qui va mettre à mal tout ce qu’il pensait savoir et tout, tout ce que les religions avaient édicté au fil des millénaires. Tout est-il vain finalement ? Ou… Si les dieux n’existent pas, les hommes en auraient-ils besoin ? Ou…
14 – Wannsee : ❤❤❤❤
Avec cette histoire liée à Wannsee (c.-à-d. la tristement célèbre conférence qui s’y déroula en 1942 quant à la « solution finale »), nous touchons à quelque chose d’incroyable qui m’avait remué dès la première lecture et qui pousse à réfléchir en transformant la vengeance en un instant où la tragédie, l’horreur et la brutalité s’effacent et s’apaisent grâce à elle. L’auteur réussit là en quelques pages à nous plonger dans un maelstrom d’émotions pures, un cadeau qu’il nous offre pour nous jeter un peu plus dans le questionnement de nos valeurs.
15 – Admira : ❤❤
Un très beau texte, court et tout en songe, mêlant incompréhension, peine et douleur, pour finir en une sorte de renaissance entre deux êtres qui s’aiment, face à la haine et à la guerre.
16 – Dans la maison du jaguar : ❤❤
Quand tu arrives dans la maison du jaguar à Mexico, parce que quelque chose t’a appelé, t’as incité à le faire, alors que tu es à la poursuite de l’un de ceux qui ont commis tant d’horreurs, tu n’as aucune idée de ce que tu vas trouver… Voilà un texte qui fait référence aux origines des Amérindiens, et plus particulièrement aux Toltèques, bien avant que ne débarquent les conquistadors, ceux qui mirent à bas tant de choses. Vanité des vanités. Qu’importe finalement une chasse… puisqu’existe l’arbre de vie…
17 – Euryale : ❤❤❤
Si je vous cite les Gorgones, vous penserez à Méduse. Mais vous souvenez-vous qu’elles étaient trois, dont deux étaient immortelles et se nommaient Sthéno et Euryale ? Cette dernière, fille de Minos, fut séduite par Poséidon et devint la mère d’Orion, le chasseur.
Un homme qui s’invite à votre table et vient vous parler, à brûle-pourpoint, d’un sujet qui lui tient à cœur et sur lequel il espère trouver un jour quelqu’un qui le comprendra et l’aidera peut-être. Il a vécu un rêve dans un autrefois lointain au cœur de l’hôtel de Sully (quartier du Marais à Paris) en rencontrant une Euryale, avant de la revoir de manière inexplicable dans le métro. Un songe qui navigue entre deux époques, un trouble et un récit partagé avec vous dans cette salle.
Un homme qui s’invite à votre table et vient vous parler, à brûle-pourpoint, d’un sujet qui lui tient à cœur et sur lequel il espère trouver un jour quelqu’un qui le comprendra et l’aidera peut-être. Il a vécu un rêve dans un autrefois lointain au cœur de l’hôtel de Sully (quartier du Marais à Paris) en rencontrant une Euryale, avant de la revoir de manière inexplicable dans le métro. Un songe qui navigue entre deux époques, un trouble et un récit partagé avec vous dans cette salle.
18 – Évolution : ❤❤❤️❤
Avec une citation à Clifford D. Simak en introduction de ce texte qui, bien évidemment, fait songer immédiatement au superbe roman « L’Arbre aux Lunes » de l’auteur. Tout commence à Vienne, la ville iséroise et non la capitale autrichienne. Et si vous aviez le don de vous glisser dans l’esprit des autres, si vous compreniez l’inanité de ces approches et que vous alliez plus loin, bien plus loin que ces quelques passants que vous voyez depuis les hauteurs de la cité ? Jusqu’à découvrir que l’homme n’a pas évolué comme il l’aurait dû. Que feriez-vous alors ?
19 – La Madelon : ❤❤❤️❤❤️ Cette superbe histoire réunit deux mondes sur une seule voie. La précision et les détails de ces quelques pages offrent un mélange de poésie, de mécanique ancienne – la passion de l’auteur pour les trains se ressent dans chaque mot –, de drames et d’interrogations… Un texte court, digne de « la Bête humaine », que ce soit le livre d’Émile Zola ou le film de Jean Renoir, avec Jean Gabin, qui remue aux tripes en obligeant à se remettre en question comme dut le faire le conducteur de la Madelon.